Le Medef Ile de France a jeté hier un pavé dans la marre en publiant sa contribution pour une nouvelle gouvernance en Ile de France. Son projet : supprimer les quatre départements de Paris et la petite couronne (75,92,93,94) qui ne faisaient qu’un jusqu’en 1964, pour constituer une structure métropolitaine. Les autres départements de la région disparaîtraient également au profit de grandes intercommunalités «démographiquement et économiquement puissantes» qui joueraient à leur niveau le rôle de structures métropolitaines.
Les compétences actuelles des Conseils généraux seraient réparties entre ces nouvelles structures métropolitaines (celle d’un grand Paris centre et celles des intercommunalités de grande couronne) et la région Ile de France. Les communes conserveraient des compétences de proximité mais la définition et mise en œuvre des politiques structurantes en matière d’urbanisme, transports, développement économique, grands équipements, services collectifs et action sociale reviendraient aux grandes structures.
Cette proposition, qui reprend en partie les conclusions du rapport du sénateur Philippe Dallier (avril 2008), part du principe qu’il y a trop de niveaux administratifs qui compliquent la gouvernance et que cet enchevêtrement institutionnel freine l’efficacité avec ses compétences et financements croisés. La contribution du Medef IDF rappelle en outre que « les départements ont été découpés artificiellement en 1954 et se sont peu à peu inventés une identité« .
Pour l’organisation patronale, cette évolution ne ferait que s’inscrire dans un mouvement déjà amorcé depuis longtemps dans les autres capitales européenne, citant Londres, Rome, Berlin, Madrid, et même par les métropoles régionales françaises. «L’Ile de France n’est pas plus compliquée que d’autres régions françaises ou européennes», conclut le rapport du Medef.
Pour Pierre Mansat, adjoint à l’urbanisme de Bertrand Delanoë, cette proposition est archaïque et marquée d’un point de vue idéologique. Il s’agit selon l’élu parisien d’une fausse bonne idée qui risquerait de détruire beaucoup de choses qui marchent bien. Christian Favier, président du Conseil général du Val de Marne, a pour sa part rappelé le rôle des départements, au quotidien mais aussi dans des projets structurants, citant l’exemple du projet de transport public Orbival, d’abord pensé dans le Val de Marne avant d’être intégré prioritairement dans l’actuel tracé de Grand Paris Express. Le nouveau sénateur a conclu en conseillant au Medef de plutôt se préoccuper de «combattre le chômage et défendre le pouvoir d’achat des salariés.»
Qui fera le Grand Paris ?
Cette contribution s’inscrit dans le cadre d’une réflexion de fond sur le devenir du Grand Paris, incarnée aujourd’hui essentiellement par trois entités : le syndicat d’études mixte Paris Métropole, constitué d’élus locaux, la Société du Grand Paris (SGP), établissement public d’Etat dont la première réalisation concerne le futur réseau de transports périphérique, Grand Paris Express, fruit d’un consensus avec la région, et enfin le Conseil régional d’Ile de France qui est à la tête du STIF (Syndicat des transports d’Ile de France) et qui a également parmi ses attributions la définition du Schéma directeur de la région (actuellement encours de redéfinition).
Documents à consulter :
La contribution complète du Medef IDF
Le rapport du sénateur Philippe Dallier
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